Pour beaucoup c'est l'accessoire mémère par excellence. Et pourtant il fut longtemps l'apanage des hommes. Aujourd'hui, la petite histoire du collier de perles.
Le collier de perles est d'abord une affaire d'hommes. En Inde, dont les mers chaudes regorgent d'huîtres perlières, ce bijou s'exhibe au cou des maharajas et des brahmanes.
Non seulement il est signe de puissance et de richesse, mais il symbolise la pureté et la plénitude. Alors ces messieurs multiplient les rangs à outrance puis cette mode arrive en Europe.
Les deux époques où on voit des hommes porter des colliers, c'est la Renaissance et le début du XVIIe.
Alors, à la Renaissance, les hommes ont porté non seulement des colliers mais également des perles aux oreilles, en perles poires, et au XVIIe siècle, il y a eu un homme très réputé pour sa manière de porter des perles en collier, c'était le duc de Buckingham, dont il existe plusieurs tableaux et qui portait des colliers de perles en liasses autour du cou.
Les femmes s'en emparent. On rapporte des perles d'Amérique. Outre leur exotisme, elles fascinent pour le mystère qui entoure leur conception. On croit alors que ce sont des gouttes de rosée tombées dans une huître.
En réalité, la perle naît d'un grain de sable déposé par la nature dans le coquillage qui, gêné, va l'enrober de nacre. Sa rareté explique que depuis la Renaissance, le collier de perles fait partie des joyaux des couronnes d'Europe.
Sissi avait reçu de l'empereur François Joseph, son mari, un splendide collier de 31 perles et un an avant sa mort, elle a eu l'impression que son collier devenait plus mat.
Elle a eu une idée, qui a été de placer les perles et de les faire séjourner dans de l'eau de mer. Et dans un endroit tenu secret, elle a immergé la cassette.
Et puis elle a été assassinée. L'empereur a appris cette histoire. On a fait rechercher le collier et on n'a jamais retrouvé le collier.
L'époque Art déco raffole de cette sphère de nacre. Sa forme comme sa couleur répondent à l'esthétique symétrique et contrastée du moment. Dans ces années, l'homme apprend à la cultiver et donne naissance à la perle de culture. Et le collier de perles se démocratise enfin. La mode est alors au sautoir de longueur spectaculaire.
Coco Chanel a permis la diffusion de la perle de culture, parce que c'est grâce à elle qu'ont été levées les préventions qui existaient à l'origine contre cette perle, qui n'était pas considérée comme naturelle et qui n'a pas été très bien acceptée, ni par les négociants en perles ni par les joailliers de l'époque.
Elle portait déjà des perles fines qui lui avaient été offertes par le duc de Westminster, mais elle a adopté tout de suite les perles de culture, dès qu'elles sont apparues sur le marché, c'est-à-dire en 1921, et elle en a porté énormément. Elle les faisait porter à ses clientes. Voilà comment elle a répandu la mode.
La magie de la perle reste intacte. Elle est toujours la favorite des joailliers après le diamant et l'or. Et le récent travail de la créatrice Daniela Baumgartner ou encore du créateur japonais Yohji Yamamoto prouve que le rang de perles peut être éternellement réactualisé.