Simple, léger et très distingué… Aujourd'hui la petite histoire du panama. On le surnomme le « prince des chapeaux » .
Pourtant, à l'origine, il s'agissait tout bêtement d'un chapeau de paille. Tressé à partir des feuilles d'un palmier nain, la Palmata Carludovica, ce chapeau était porté par les indiens de Montecristi et de Jipijapa, le nom des villes d'Équateur où il était, et où il est toujours, fabriqué.
Il y a un terrain extrêmement fertile et propice à une certaine paille qui est la paille qu'on appelle « paille de Montecristi » , « du chapeau de panama » ou « la Jipijapa » , « la toquilla » aussi là-bas.
Et alors il faut savoir que le panama, c'est, aussi bien que le havane, c'est d'abord un terrain, c'est d'abord un climat, un microclimat je dirais, qui génère la matière, le matériau.
Pour que le panama rencontre le succès, il a suffi qu'il soit porté par un homme mais pas n'importe lequel : le président Theodore Roosevelt en personne.
C'était en 1906 lorsqu'il visitait le chantier du Canal de Panama. Depuis, ce chapeau est devenu un culte. Il a coiffé des têtes célèbres : Khrouchtchev, Gustav V, le roi de Suède ; mais aussi des artistes : Orson Welles, Humphrey Bogart et j'en passe ! Le panama ne manque pas d'ambassadeurs de charme.
Il devient le symbole du chic. Et ça fait partie aussi de tout un art de vivre, d'une espèce d'élégance nonchalante, pas trop apprêtée, mais qui, en général, va de pair avec connaître les bons vins, et fumer un bon cigare, et aller dans des bons endroits que personne ne connaît encore trop.
Parmi tous les panamas, il y en a un qui est devenu une icône : c'est le Montecristi. Ce panama est le plus souple, son tissage est le plus fin, le plus régulier, sa couleur est la plus claire.
Un tas d'histoires courent sur lui. Il paraîtrait que les plus fins peuvent se rouler et passer à travers une alliance ou se plier et tenir dans une boîte d'allumettes. Mais ce ne sont que des histoires ! Surtout : ne torturez pas votre panama sinon il succombera.
Les chapeaux les plus fins – et les amateurs – y en a beaucoup – le connaissent très bien – ce sont des choses qui sont de plus en plus rares parce que d'abord, des tisserands qui sont capables de faire ces chapeaux-là, y en a de moins en moins.
Je suis allée les voir sur place et c'est assez impressionnant de les voir travailler. Ce sont des gens qui travaillent le matin très tôt ou le soir très tard, pour avoir toute l'humidité qui fait que leur travail ne va pas s'interrompre par une chose, une fibre qui va se casser, qui va détruire tout ce qu'ils ont fait.
Et pour faire un très beau Montecristi, les « super finos » , on peut mettre jusqu'à huit mois. On peut même mettre plus que ça.
Ce chapeau fut baptisé « panama » car les ouvriers qui travaillaient sur le Canal de Panama le portaient toute la journée.